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LE BOUFFON DE BETHUNE

26 mars 2012

Acte 2

LE BOUFFON DE BURIDAN – Acte 2

 

Le régent de la neuvième circonscription des Hauts de France avait décidé de sortir du bois. Il convenait de rendre grâce à ses multiples actions et bienfaits. Ceint d’une bande de herpailles, il se livra un vendredi soir à une harangue. Exercice dans lequel il excellait. Le jour et l’heure furent choisis non point au hasard, mais pour une raison primordiale : les tambourins en feraient écho dès le dimanche matin. L’audience n’en serait que meilleure.

Le régent voyait la bataille se profiler en triple. Non point qu’il fût aviné – il abandonnait ce triste état à d’autres – mais le régent était stratège. Son grimoire adulé, il le connaissait sur le bout des ongles. Il y était mentionné « Vous saurez en quelle quantité et dans quel état se trouveront les munitions de guerre et de bouche des deux armées, vous distribuerez les récompenses avec libéralité, mais avec choix, et vous n’épargnerez pas les châtiments quand il en sera besoin ». Ce à quoi, il se livrait depuis de nombreuses années.

Fréquentant insidieusement les lieux les plus hétérogènes qu’il soit, il aimait glaner ici et là quelques renseignements, forts utiles. Des écus, il en distribuait par ailleurs, mais sans bourse délier. Sa cassette gonflait depuis des lustres. Il puisait uniquement dans celles du royaume. Il s’attribuait sans vergogne l’origine des récompenses qu’il délivrait. Le consentement de ces pratiques, il l’obtenait du prince. Sa fidélité lui valut même une parure dont on ne peut que s’esbaudir : prévôt éphémère de l’eau.

Le régent avait professé la philosophie dans ses jeunes années. Si ce rude métier ancestral ne nourrissait point suffisamment son homme, il l’avait façonné. Nullement apostat de la république des lettres éclairées,  il en avait gardé le goût des bons mots.  Dans sa diatribe envers les renégats, il affubla l’un deux d’un cinglant « affidé solidaire ». Restait aux baguenauds de s’enquérir du bon mot qu’il venait de professer. Le félon incriminé acquiescerait-il cette vilenie sans rétorquer ? Ruminait-il entre hélequin et grippe-minaud en guise de réponse ? Nous le saurons plus tard.

Les citoyens de la cité de Buridan n’arrêtaient de groindre depuis que le régent, par d’habiles manœuvres avait placé ses fieffés agents auprès du bailli. Les fripouilles et galapiats faisaient allègrement ripaille des émoluments et avantages que leur conféraient leurs nouvelles charges officielles.

Sentant l’odeur du soufre, à l’aube de la bataille du trône et celle du duché à venir,  le régent tenta d’assouager les citoyens de la cité de Buridan en trompettant qu’il n’était nullement responsable des affres que subissait la cité.  Il feignait même de regretter l’état de délabrement vers lequel elle plongeait. Il n’hésita donc point à gourmander publiquement le bailli, pour mieux s’absoudre des méfaits qu’il avait sournoisement initiés.

 

 

A SUIVRE …

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24 mars 2012

Acte 1

LE BOUFFON DE BURIDAN – Acte 1

Oyez, oyez braves internautes. Je proclame ouvert ce blog, fugace comme le temps qui passe. Vos commentaires égailleront une prose que je vous souhaite divertissante, voire rafraichissante. N’hésitez pas à laisser une empreinte de votre passage. Il ne vous en sera nullement tenu rigueur. Que nenni. Seuls les commentaires fielleux et fétides n’auront droit de cité.

S’il s’intitule « le bouffon de Buridan », c’est pour mieux souligner ironiquement la farce à laquelle se livre, sous nos yeux ébahis et nos oreilles incrédules, des personnages dont l’histoire ne retiendra rien ou presque. Au grand dam de leurs ambitions démesurées.

J’irai un jour prochain vous renseigner de l’âpre lutte sévissant dans cette contrée artésienne aux charmes désuets : la cité de Buridan. En ce mois de mars de l’an douze du siècle vingt et un après l’avènement du Christ, aux premiers jours d’un climat printanier, les esprits s’échauffaient, et les coups bas se préparaient. La succession du régent de la neuvième circonscription du Pas-de-Calais se profilait. « Tout le monde veut prendre sa place » semblait être l’émission culte du moment. Cauteleux à souhait, fourbe à point, il observait, amusé, la foire d’empoigne dans laquelle s’étaient imprudemment lancés deux félons. Prenant pour définitivement acquis le déclin de l’autorité de leur supérieur, ils se décrétaient être en mesure d’assumer une charge bien trop lourde pour leurs frêles épaules.

Rejetés de tous, hormis de leur cour docile et imbécile, ils ambitionnaient représenter leurs concitoyens. Se lovant d’une aura quasi divine, ils clamaient incarner les valeurs de la Gauche. Sans que personne à vrai dire n’eut puisse préciser concrètement ce que cela représentait. Mais cela en jetait suffisamment pour troubler et tromper quelques esprits forts peu éclairés.  Un trublion défunt, homme cultivé mais sans aucune morale, n’avait il point asséner cette cruelle vérité : « j’engrène les cons avec ma bonne tête et ça a un succès fou. Les cons sont cons et en plus ils sont bien dans leur connerie » ? Les cons, en l’espèce, s’appelaient électeurs.

Nos deux félons avaient, outre leur traitrise, un point commun : une taille bien inférieure à la moyenne de leurs concitoyens. Qu’à cela ne tienne. Nicolas Ier, empereur du royaume de France, avait détourné une célèbre phrase de Corneille ( Pierre et non le père de Merrik, - précision superfétatoire : il n’y a point ici faute de frappe) : « le talent n’attend point le nombre de centimètres ». Nos deux renégats s’en trouvèrent fort aise.

La Gauche, le Hollandisme, bien que cela ne fusse une maladie honteuse ou contagieuse, voilà l’étendard derrière lequel nos deux duettistes se retranchaient. Pour mieux masquer leurs propres turpitudes. A leur décharge, honnêteté oblige, rappelons qu’ils eurent loisir, des années durant, de voir, d’user, d’abuser des affres du pouvoir local. Après tout, n’arrive-t-il pas que l’élève parfois dépasse le maître ?

Mais la lune ne rencontre le soleil que dans les rêves. Fut ce le rêve qui guidait, inspirait leurs ambitions ? Un indécent « I need money » résonnait en écho  à « I have a dream ».  Chez les enfants, ce sont les manèges qui tournent. Chez ces gens-là, comme disait Maitre Jacques, ce sont les avidités de toute nature qui font tourner la tête. Leurs yeux brillaient des prébendes attribuées aux régents du Royaume de France comme les guirlandes illuminent un sapin de noël. Les boules, ils les eurent un peu plus tard.

 

 

A SUIVRE …

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